Je te confie, dans la graisse d'oie,
ces quelques mots de moi
qui ne cassent pas trois pattes
à un canard premier choix.
Je te confie, dans la graisse de canard,
ce cochon de poème avec du lard
qui n'a qu'à soûler tous les fayots
qui le dénoncent à l'abattoir.
Je te confie, dans la graisse de porc,
ces quelques vers un peu forts
qui mijotent avec les rognons.
Ne rognons pas sur l'effort !
Je te confie, dans la graisse graphitée,
ces mauvaises rimes avec gravité
qui veulent rouler des mécaniques
sans rester pieds au plancher.
Je te confie, dans la graisse de bison,
ces signaux de joyeux huron
qui empeste tant le pemmican
qu'il faut que nous sortions.
Je te confie, dans la Grèce d'Oreste,
cette demande un peu leste
qui mêle le théâtre antique
à la cuisine indigeste.
Je te confie, dans la graisse d'ourse,
cette frappe pas très douce
qui bloque le petit chariot
là où il finit sa course.
Je te confie, dans la graisse d'abeille,
ces mots bourdonnés à ton oreille.
-Pfff ! La graisse d'abeille ? Ça n'existe pas !
-Je m'en fous, c'est le néant que tu réveilles.Je te confie, dans la graisse de lama,
ma grosse envie de toi.
-Non, pas le toit du monde, Ève. Reste !
Mon message, tu l'évites ou quoi !
Je te confie encore, dans la graisse d'oie,
ma très très grosse envie de toi.
-Oh ! Tu me gaves, je n'en suis pas une.
-Alors déplume-toi !Que je saisisse, dans l'huile de tournesol,
ton corps à même le sol,
pour le frire à mon soleil
au mépris du cholestérol.
Que je saisisse, dans l'huile d'olive,
tes seins visités par ma salive
faisant office de touriste.
Tes seins, dix cas d'initiative !
Que je saisisse, dans l'huile de colza,
ton temple des fesses, ici-bas.
J'en suis accro, Paule, c'est mon agrocarburant.
Hélas ! C'est la façon grecque que tu combats.
Que je saisisse, dans l'huile de lampe,
la position sur laquelle tu campes.
Je ne suis pas un génie de mille et une nuits,
c'est la première seulement et je rampe.
Alors je saisis, dans l'huile de palme,
tes cuisses suintant le chaud napalm
si fort que malgré les serviettes,
le viêt demande un retour au calme.
Avant que je frémisse, au court-bouillon,
l'aigre vice en ébullition,
que jaillisse précoce sur ton coquillage
la marée de mon émotion.
Je me farcis, dans la poitrine de veau,
tes reproches pour être parti si tôt,
ainsi que tes interdits de bonne sœur.
Moi qui voulais revenir avec du beurre.
Je me farcis, dans la panse de brebis,
ton laïus horribilis contre la sodomie,
ton veto sur cette pratique animale.
Le loup doit se contenter de la bergerie,
au nid soit qui anal y pense.
Tu me fais revenir, dans la margarine,
sur le sujet de tes deux prénoms.
Je suis bipolaire et tu es féminine.
Tu es Paule par le nord, tu es Ève plus anodine.
De ce qu'on a dit je suis confus,
ce qu'on n'a pas fait et ce qu'on fit.
Ton plumage parfait vaut mieux que ton Rāma.
Y a de la poupée trouée pour lui chez Confo.
-Non ! C'est de la barbie bouchée, tu confonds !
-Y a aussi une hache pour le bois qu'on fend ?-Y a surtout ton sac pour aller aux confins.