................................décrire, décrier, écrire, crier, cirer, rire, ire domum.
mercredi 31 octobre 2018
Bricoles : 023 - Émission
samedi 27 octobre 2018
Bricoles : 022 - Écologie
31 senryū sur la Planète
l'aigle sur le dos lé gle sür le do
pétarader en moto pé ta ra dé rañ mo to
gaz à effet de serres ga za é féd sér
le covoiturage le ko vwa tü raj
partager le paysage par ta jé le pé i zaj
quatre-vingts à l'heure ka tre viñ za ler
un moteur thermique ? iñ mo ter tér mik
le réchauffement climatique le ré cof mañ kli ma tik
nous a refroidis nu za re frwa di
chauffer posément co fé po zé mañ
limiter les déplacements li mi té lé dé plas mañ
vive le couvre-feu vi vle ku vre fe
ce grand presbytère se grañ prés bi tér
pour la famille nucléaire pur la fa miy nü klé ér
un clapier suffit iñ kla pyé sü fi
conseils erronés koñ sé yé ro né
croissez et multipliez krwa sé zé mul ti pli yé
cultes obsolètes kül te zob so lét
étienne et jean-yves é tyé né jañ iv
l'un veut une maison passive liñ ve tün mé zoñ pa siv
l'autre se laisse faire lo tre se lés fér
produire son courant pro düir soñ ku rañ
isoler l'appartement i zo lé la par te mañ
naufragé chez soi no fra jé cé swa
consommer local koñ so mé lo kal
au ramassis national o ra ma si na syo nal
ils vont kiffer ça il voñ ki fé sa
croquer une golden kro ké rün gol dén
35 traitements en moyenne trañt siñk trét mañ zañ mwa yén
paradis perdu pa ra di pér dü
soupe de mirliton sup de mir li toñ
mettre un légume de saison mé triñ lé güm de sé zoñ
voilà le haïku vwa la le hay ku
plus de glyphosate plü de gli fo zat
dans la bouche de la playmate dañ la buc de la plé mat
qui nous suce à mort ki nu sü sa mor
faire son dentifrice fér soñ dañ ti fris
sourire dans un précipice su rir dañ ziñ pré si pis
embrasser la cause añ bra sé la koz
la douche écolo la du cé ko lo
se noyer dans un verre d'eau se nwa yé dañ ziñ ver do
husky sans glaçons hüs ki sañ gla soñ
planète inondée pla né ti noñ dé
berceau de l'humanité bér so de lü ma ni té
mouiller ses calottes mu yé sé ka lot
à la question piège a la ké sioñ pyéj
comment nettoyer son siège ? ko mañ né twa yé soñ syéj
même les toilettes sèchent mém lé twa lét séc
trier ses déchets tri yé sé dé cé
benne monsanto pour l'ivraie bén moñ sañ to pur li vré
garder le bon grain gar dé le boñ griñ
quand on ne fait pas le tri kañ toñ nfé pal tri
on est pris pour des nazis oñ né pri pur dé na zi
'commence à bien faire ko mañ sa byiñ fér
ils diront après il di roñ ta pré
tu savais tu n'as rien fait tü sa vé tü na ryiñ fé
nouveau collabo nu vo ko la bo
brûler du bois vert brü lé dü bwa vér
et finir à nuremberg é fi ni ra nü riñ bér
'ne l'ai pas volé ne lé pa vo lé
l'ozone ça fait mouche lo zon sa fé muc
en rajouter une bonne couche añ ra ju té rün bon kuc
écoute france-inter é kut frañ siñ tér
un record à battre iñ re ko ra batr
1984 mil nef sañ ka tre viñ katr
reste à dépasser rés ta dé pa sé
raconteur linky ra koñ ter lin ki
au courant de tes conneries o ku rañ de té kon ri
comme un petit frère ko miñ pe ti frér
papa et maman pa pa e ma mañ
la bonne, le gouvernement la bon le gu vér ne mañ
tiennent à ta santé tyén ta ta sañ té
nouvelle religion nu vél re li jyoñ
le péché de pollution le pé cé de po lü syoñ
gare aux puritains ga ro pü ri tiñ
dogmes recyclés dog me re si klé
matériaux ressuscités ma té rio ré sü si té
affaires de cagots a fér de ka go
bravo la planète bra vo la pla nét
sous le joug de cinq ascètes su le ju de siñ ka sét
tu me niques du bon temps tüm nik du boñ tañ
tout impératif tu tiñ pé ra tif
sera contre-productif se ra koñ tre pro dük tif
messieurs les censeurs mé sye lé sañ ser
aucune dictature o kün dik ta tür
ne rime avec la nature ne ri ma vék la na tür
malgré l'apparence mal gré la pa rañs
oust ! humanité us tü ma ni té
obsolescence programmée ob so lé sañs pro gra mé
place aux coccinelles pla so kok si nél
crier au secours ? kri yé ro se kur
il faut bien partir un jour il fo byiñ par ti riñ jur
espèce d'abrutis és pés da brü ti
lundi 22 octobre 2018
Bricoles : 021 - Eau
Depuis les dernières années du règne de George II jusqu’aux temps troublés qui suivirent la fin du premier accès de folie du roi suivant, rémission synchrone avec celle d'outre-Manche où l'on achevait enfin de perdre la tête dans des paniers sanguinolents, Jonas Hanway lutta plus de quarante ans contre les vents et les marées du conservatisme ambiant. Les pommes cuites que lui lancèrent plusieurs générations de garnements explosaient au contact de la voilure ridicule arborée par notre marin d'eau de pluie, avant de diffuser un parfum mêlant l'acétone à la cannelle dans son sillage encombré de trognons et de trainées de pulpe. Dans les rues de Londres, les crachins réguliers, les fréquentes averses, les petits déluges et les rideaux de douches accompagnaient les crachats assidus et les quolibets réitérés aussitôt que ce personnage obstiné mettait le nez dehors avec son parapluie, appareil inconnu sous les cieux anglais à cette époque. Grand bourlingueur sous des soleils où l'ombrelle est de mise, et s'improvise autre chose quand l'orage se déclare, Jonas Hanway avait rapporté de Chine cet instrument contre nature qui lui valait sarcasmes et projectiles. Il s'était pourtant acharné contre le sort qu'on lui réservait à chacune de ses exhibitions, joignant le précepte à l'exemple, pédagogue convaincu du bien-fondé de sa mission, expliquant, et réexpliquant sans fin, aux passants dubitatifs qu'il croisait, l’avantage certain à s'équiper ainsi sous l'ondée qui vous cingle, soufflé, soit, par l'inconvénient d'en être privé si celle-ci s'accompagnait d'un vent trop impétueux qui obligerait à faire retraite, briser bien vite son parapluie et le rengainer dans son étui comme une épée poltronne au fourreau. Mais rien n'y faisait, les gens du monde renonçaient à la promenade quand les nuages menaçaient, ou se déplaçaient en voitures couvertes, de louage ou de pleine propriété selon le degré des fortunes, néanmoins fruits ostensibles de richesse qui comptaient bien plus qu'un simple pépin, fût-il exotique. L'homme et son ombre imperméable effrayaient les chevaux, rendaient les chiens hargneux, faisaient pouffer les demoiselles et se signer les plus âgées. Une fois, au milieu d'un carrefour abondant en piétons, il faillit heurter Samuel Johnson et son fidèle Boswell qui prenaient l'air au sortir d'une conférence sur le tabac, et que le hasard avait placés sur son chemin. Il tenta de les persuader de l'utilité de son "ἀντίομβρος". D'un air renfrogné, le Docteur lui fit savoir que l'enfer était pavé de bonnes intentions, qu'il trouvait la chaussée glissante par ce temps humide, mais regrettait en toute modestie, son Dictionnaire étant déjà paru, de n'avoir point pris connaissance plus tôt de cet affreux engin, il fallait bien nommer les choses, qui aurait pu figurer comme néologisme, restant toutefois à déterminer, parmi les quarante-trois mille cinq cents entrées de son impérissable monument. Il promit alentour de l'inclure dans une prochaine édition révisée, mais l'objet en question tardant à percer, cela n'a jamais abouti. Aujourd'hui encore dans la langue anglaise, il n'existe pas de mot spécifique pour désigner le parapluie qui permette clairement de le distinguer de l'ombrelle à laquelle il fait de l'ombre, au point de reléguer cette dernière, qui a dû boucler sa valise à la va-vite, sous le terme de "sunshade". La populace avare d'un travail ruinant pourtant les corps, et l'esprit harassé de mille et une ténèbres, de mauvais gin, de bière amère et de cidre aigri, considérait à l'aune d'éclairs pré-luddites toute avancée sous un climat ombrageux, incapable de peser le pour et le contre, entre la soustraction du pain et la réduction de la peine. Quand les petits ramasseurs de crottin le prenaient pour cible, Jonas tenait bon, stoïque et replié entre ses baleines dans une attitude quasi biblique, conscient que les gamins étaient soudoyés par des cochers inquiets de la pérennité de leurs emplois face à une diminution des clients qui ne craindraient plus de marcher sous la pluie, et feraient déchanter les Kelly, les Reynolds, les O'Connor, les Clayton, tous ces automédons intempérants, tous ces postillons aussi trempés que leurs attelages. À mesure que l'on s'éloignait du port, les nègres se faisaient plus rares et un seul d'entre eux, ayant dépassé le périmètre de banalité, pouvait déclencher une émeute, alors pensez donc, un parapluie ! Des cargaisons de fruits avariés, qui avaient franchi les mers et les limites de la maturité, attendaient leur heure sur les quais, prêts à barioler d'un feu d'artifice mouillé l’instrument étrange et son firmament convexe de toile goudronnée. Bien que l'on puisse en douter, il n'est pourtant pas impossible, par précocité historique, que de rares tomates pourries, en mal de sopranos, eussent été de la partie. Mais contrairement à la cantatrix sopranica, l'homo parapluvius n'a jamais élevé la voix : il s'est contenté de répéter calmement pendant des années que son accessoire serait bientôt très apprécié à Londres, et que tout le monde voudrait en posséder un. Ce qui finit par arriver un beau jour quand les Incroyables et les Merveilleuses, sous le Directoire français, répandirent l'usage du parapluie-canne jusqu'au delà du Channel et autres frontières ennemies. La mode de Paris rayonnait déjà et se moquait des guerres comme d'une première chemise. Hélas, Jonas Hanway brillait moins : le grand âge et ses courbatures l'avaient rejoint et le condamnaient à regarder la pluie tomber par la fenêtre de sa chambre.
mardi 16 octobre 2018
Bricoles : 020 - Étymologie
Les politiciens qui haranguent les foules nous ont toujours fait penser aux poissonniers qui vendent leurs harengs à la criée. Une similitude nauséabonde des odeurs et des paroles abonde en ce sens, et dans les deux cas un bon dessalage sera préconisé dès le retour au bercail. Une fois préparés, la chair et les discours pourront se révéler moins indigestes qu'ils ne l'étaient de prime abord sur des bancs matois devant le chaland piétinant un pavé rebattu. Il s'ensuivra, plus souvent qu'à l'accoutumée des imbéciles, un effet roboratif tant pour le corps que pour l'esprit. Jusqu'ici tout va donc pour le mieux dans le meilleur des vocabulaires : la paronymie de la harangue et du hareng, servant à merveille notre propos, nous allège d'un fardeau qui aurait embarrassé notre jonglerie avec les boules déjà lestées que sont les mots. Une euphorie légère s'empare de nous. Poissons béats, nous flottons entre deux lignes. Libérés de la pesanteur du style, nous nous apprêtons à décrocher un pompon bien mérité après toutes ces gesticulations plumitives, quand soudain le spectre de l'étymologie ‒ un bât blessant capable de nous étaler comme un crêpe noir ‒ se rappelle à notre bon souvenir : la probable origine commune des deux termes va nous casser la baraque, les laissant s'embrasser comme des frères, nous qui cherchions une amitié plus déliée de colocataires. Notre beau soufflé un peu retombé, nous feuilletons avec inquiétude les pages du Littré et d'autres ouvrages qui, à notre grand étonnement, déposent une cerise inattendue sur le gâteau que nous pensions s'émietter : hareng et harangue ne viennent pas du même mot. Pour faire court aux yeux des profanes en une science labyrinthique : l'un descend, après bien des détours, d'un "poisson salé" latin ; l'autre résulte d'une collision entre l'arène et le ring. N'en jetons plus !
jeudi 11 octobre 2018
Bricoles : 019 - Élevage
Entendu au poste à treize heures pendant que j'attaquais mon civet : "60 Millions de consommateurs" nous assène le coup du lapin : 37 millions de victimes sont élevées hors-sol avec pour seul espace la surface d'une feuille A4. Mais l'animal a-t-il vraiment besoin d'une ramette entière pour y tenir son journal ? Roger Rabbit n'est pas Jules Renard, loin s'en faut. Il est vrai que c'est un grand pisseur, mais plus familier cependant du sperme reproducteur que de la copie frénétique. Ses longues oreilles de peureux ne sont pas faites non plus pour enregistrer les potins du clapier, bien que ceux-ci, s'étant éloignés du ras des pâquerettes, pourraient présenter quelque intérêt. Quand bien même parviendrait-il à nous déféquer une œuvrette dans un enclos plus humain, un carré de luzerne accordé sans faire trop de foin, à tempérament pour éviter une bonne diarrhée à ce diariste d'une santé délicate, ses seules fanes seraient celles de la carotte et du radis : deux légumes économiques qui n'en font qu'un... avant le grand retour de bâton annoncé par les antispécistes.
samedi 6 octobre 2018
Bricoles : 018 - Équité
Supposons que j'aie frappé un être humain et que vous me précisiez que j'ai battu une femme, alors je vous répondrais que vous opérez là une discrimination. Mais à tout prendre, je pense que les femmes préfèrent la discrimination à la violence, du moins celles qu'elles subissent, l'une comme l'autre. C'est une compromission acceptable pour qu'elles y gagnent à tous les coups, sans y perdre au change ni jeter le bébé avec l'eau du bain. Toutefois, les frangines devront rester franc-jeu : pas de gémissements feints, ni de cris d'orfraie, ni d'entourloupes sous la loupe fêlée des flics, ni d'embrouilles si tentantes devant les tribunaux, nids de corbeaux acclimatés aux furies de la nouvelle tendance. Faudra pas pousser quand un zigue dans le bus, sec comme une trique, mi-Crumb mi-Kafka souffreteux, rond-de-cuir et tendre à la cuisson, spécimen cafardeux à la démarche peu assurée, employé chez Generali, imprimera un gai pinçon ‒ son modeste dérivatif sur le "chemin des dames" vers le bureau des tracas paperassiers ‒ sur l'ample fesse d'une Femen à forte poitrine ne manquant pas de souffle ni de protéines, une princesse vaillante veillant au grain et nourrie avec, en capacité de sécuriser elle-même son périmètre imposant, de surcroît vigile chez Carrefour ‒ bien qu'elle diffuse l'amabilité d'un char Leclerc ‒, qui aura attendu ce quidam importun au tournant et de pied ferme, soit un bon quarante-deux. Si tu t'imagines, fillette, xa va xa va xa va passer.
À travers cette crainte de plaintes injustifiées, quelques vaguelettes au sein de la déferlante légitime, se dessine en filigrane le rapport de force que les femmes ont toujours entretenu avec moi. À la fin de l'adolescence, j'ai subi les assauts d'une bourgeoise
trentenaire fan d'Emmanuelle. De mon côté, je fantasmais sur la Valentina de Crepax qui me semblait intellectuellement plus dégourdie. Celle qui ne s'appelait pas encore une
cougar a mis cinq mois à me faire bander correctement. Je l'ai remerciée
: merci Madame. Je n'ai jamais été un grand sportif, même si j'ai apprécié dans ma jeunesse la course à pied pour les magnifiques sensations voisines de la fuite que celle-ci m'a procurées en dépit d'une ambiance olympique de merde, et j'ai dû donner, dans une certaine et unique occasion, une gifle à ma compagne qui me l'a rendue au quintuple, intérêts échelonnés sur vingt-cinq ans de vie commune ‒ elle était comptable. Quelquefois, sur la table de nos repas, nous jouions au bras de fer pour ajouter un peu de piment entre nos assiettes de steaks hachés aux épinards. Dans ces moments de distraction, notre fils en profitait pour balancer ses légumes sous la nappe avant d'assister à ma défaite systématique. C'est aujourd'hui un grand garçon très bien éduqué qui a perdu un testicule dans une bagarre avec un crabe, mais il lui reste sa balle de match ; tout va donc pour le mieux. Sauf que sa mère n'a pas survécu à l'attaque d'un crustacé plus teigneux. Une courte vie et finir au crématorium, c'est brûler bien des étapes. Depuis cette malheureuse affaire, j'ai reçu à plusieurs reprises des fulgurations émanant de filles beaucoup plus jeunes que moi ‒ juste retour de manivelle ‒, mais à chaque fois rien n'a pu être négocié, faute de disponibilité de la partie adverse et aussi d'enthousiasme à m'engager dans un combat perdu d'avance. Maintenant que la retraite a sonné après une longue guerre froide tout contre l'adversaire, je me sens apaisé, retiré des femmes. Elles sont devant moi comme elles étaient derrière : j'ai dû courir longtemps et faire le tour de la Terre. Valentina est ressortie en livre de coloriage. Où ai-je mis mes crayons ?
mercredi 3 octobre 2018
Bricoles : 017 - Écueil
Après quelques rats vite dégrisés et une chouette verte, c'est au tour de la blanche colombe de quitter l'arche de Noé Macron, et elle n'est pas près de revenir. Quelle idée saugrenue aussi que de s'être appelés "En marche". Ça a toujours sonné comme un titre huysmansien : "En route", "En ménage", avec cette foi implicite de petit Badinguet que l'aventure se terminera par un sacre à "La Cathédrale". Bon, maintenant que l'affaire tourne au vinaigre, nous sommes en plein dedans : "Un soir qu’il chipotait des œufs qui sentaient la vesse, le concierge lui présenta une lettre de faire-part ainsi conçue...". Je crois volontiers que les plateaux-repas de l'Élysée sont de meilleure qualité, mais pour le reste il va falloir assumer jusqu'au bout : "À vau-l’eau", "À rebours" ; bientôt "En rade" et pour finir "Sac au dos". Que de péripéties en perspective ! Si un président n'est pas fichu d'ouvrir les quinquets pendant son quinquennat, il ne serait pas décent de le conserver un décennat.
Inscription à :
Articles (Atom)