dimanche 26 juin 2016

Names drop as tears go by

Dans ce monde opaque, il faut être un orfèvre pour se forger une opinion claire. Hélas, les médias de masse fabriquent avant tout des forgerons. Au Royaume-Uni, le forgeron s'appelle Smith, le patronyme le plus répandu sur ce navire qui s’apprête à larguer les amarres. Prendre le large avec un champ de vision rétréci s'avérera vite un bel exemple de navigation à vue insuffisante pour éviter les écueils de vos propres enclumes. Vous souhaiter bon vent serait des paroles en l'air. Foutus forgerons, hardis marins, que vous soyez de tribord ou de bâbord, vivants ou éternels, je continuerai néanmoins, d'un peu plus loin qu'avant, de vous lire, de vous écouter, de vous regarder, Alan Moore, Alan Alexander Milne, A. S. Byatt, Adam Thirlwell, Agatha Christie, Alasdair Gray, Aldous Huxley, Alec Guinness, Alfred Hitchcock, Algernon Blackwood, Alternative TV, Angela Carter, Anthony Burgess, Art Bears, Arthur Conan Doyle, Arthur Machen, B. S. Johnson, Banksy, Benedict Cumberbatch, Benjamin Britten, vous les inconnus qui composèrent le Beowulf, Bertrand Russell, Billy Childish, Black Sabbath, Blurt, Brian Aldiss, Brian Eno, Bryan Ferry, C. S. Lewis, Cabaret Voltaire, Charles Dickens, Charles Palliser, Charles Stross, Christopher Lee, Christopher Priest, Colin Wilson, D. H. Lawrence, Damien Hirst, Daniel Defoe, Dante Gabriel Rossetti, David Bowie, David Suchet, David Warner, Derek Jarman, Diana Rigg, Dirk Bogarde, The Divine Comedy, Donald Pleasence, Dr. Feelgood, Edgar Broughton Band, Edith Sitwell, Edward Burne-Jones, Edward Carey, Electrelane, Ernest William Hornung, Essential Logic, Ewan MacColl, Ewan McGregor, the Fabulous Poodles, Fairport convention, the Fall, Francis Bacon, Frederick Rolfe, G. K. Chesterton, Gang of Four, Geoffrey Chaucer, George Bernard Shaw, George Eliot, George Frideric Handel, George Orwell, Graham Swift, Jonathan Swift, H. G. Wells, Harold Pinter, Hawkwind, Henry Cow, Henry Fielding, Henry Rider Haggard, Iain Sinclair, Ian McEwan, Ian R. MacLeod, Ian Watson, Ian Dury, Baxter Dury le fiston, the Incredible String Band, J. G. Ballard, J. M. Barrie, James Boswell, James Flint, Jane Austen, Jeremy Brett, Jerome K. Jerome, Jethro Tull, Jim Crace, John Boorman, John Buchan, John Cale, John Cleland, John Constable, John Cowper Powys, John Dowland, John Everett Millais, John Gielgud, John Hurt, John William Waterhouse, John Wyndham, Joseph Conrad, Joseph Mallord William Turner, Joy Division, Julian Barnes, Kate Tempest, Kazuo Ishiguro, Keira Knightley, Ken Loach, Ken Russell, Kenneth Branagh, Kenneth Grahame, Kevin Ayers, Kim Newman, the Kinks, Laurence Sterne, Lawrence Durrell, Lawrence Norfolk, Lewis Carroll, Lucian Freud, Lytton Strachey, Magazine, Malcolm Lowry, Malcolm McDowell, Marianne Faithfull, Martin Amis, Kingsley Amis le papa, Martin Freeman, Mary Gentle, Mary Shelley, Mervyn Peake, Michael Caine, Michael Moorcock, Michael Nyman, Mike Leigh, the Monochrome Set, Monty Python, Nick Park, Nina Allan, Paul West, Pentangle, Peter Ackroyd, Peter Brook, Peter Greenaway, Peter Sellers, Posy Simmonds, Public Image Limited, Pulp, the Raincoats, Ralph Fiennes, Reformed Faction, Reg Smythe, Ridley Scott, Rip Rig + Panic, Robert Fripp, Robert Graves, Robert Holdstock, Robert Louis Stevenson, Robert Wyatt, Roger Fry, Rowan Atkinson, Samuel Butler, Samuel Pepys, Sarah Waters, Sean Connery, Siouxsie and the Banshees, Sleaford Mods, Slits, Steeleye Span, Glen Baxter, Stephen Baxter, Stephen Frears, Stephen Fry, Stereolab, Susanna Clarke, Arthur C. Clarke, Swell Maps, Syd Barrett, Sydney Jordan, Marc Bolan, Terence Stamp, Thomas de Quincey, Thomas Hardy, Thomas Malory, Thomas More, Genesis P-Orridge, Tilda Swinton, Tindersticks, Vanessa Redgrave, Vibracathedral Orchestra, Virginia Woolf, Wire, Walter de la Mare, Walter Scott, Walter Sickert, Walter puisqu'on te connaît sous ce nom-là, Wilkie Collins, Will Self, William Golding, William Hope Hodgson, William M. Thackeray, William Shakespeare, ad nauseam...       

dimanche 19 juin 2016

La solution finale

Interdire les matchs de football à moins de cinq cents kilomètres du moindre débit de boissons me semblerait une mesure raisonnable pour endiguer la violence inhérente à ce sport de guerriers et de couleurs. Débarrassés du foutoir, nous vivrions alors dans une immense surface de réparation, le silence et la paix agissant comme un baume sur le terrain ensanglanté. Nous visiterions les anciens stades transformés en musées de l'horreur. Des troupeaux d'écoliers viendraient y paître, broutant l'herbe amère du souvenir et de l'ennui qu'ils apprécieraient moins que les sucreries glacées des boutiques attenantes. D'anciens combattants, hooligans à demi repentis, aficionados éclopés, arroseraient de leurs pleurs les pelouses fertilisées par la poudre d'os de leurs victimes passées, jardiniers hypocrites tiraillés entre le devoir de mémoire et la nostalgie du bon vieux temps, noyant leur chagrin et torpillant leur pitié dans les tavernes encerclant les arènes déchues. Y séjourneraient aussi quelques bonnes sœurs engraissées au malheur, friandes de la moelle des martyrs, posées tels des vautours sur ces récents champs de bataille, les prières dégoulinant du bec. Bref, l'Europe cicatriserait. De plus, cela obligerait la migration des grandes rencontres vers des pays islamistes vierges de tous troquets, où certains excités auraient grand besoin de canaliser leurs djihads autrement qu'en décoiffant les touristes — une carafe fraîchement coupée offrant de médiocres performances comme ballon, bête question d'adhérence au sol. Pendant ce temps, en Europe, nous nous prendrions de passion pour les tournois de golf, activité plus respectueuse des vertes pelouses. Sans brailler comme des ânes, sans se peinturlurer la frimousse comme des apaches en manque de scalps, nos supporters en polos crocodiliens papoteraient gentiment autour d'un verre de chose, de machin ou de truc. Nos supportrices pratiqueraient une élégance discrète et très éloignée de la chaleur canine des putes à camionneurs. Dans les airs ne retentirait aucun hymne officiel rappelant la musique d'éveil dans les classes de maternelle, nous écouterions simplement le chant des oiseaux perchés sur les voiturettes. Nous pourrions même siroter quelques bières de bonnes cuvées sans que cela prêtât à conséquence. La civilisation, quoi.