samedi 2 décembre 2017

Bricoles : 010


Beaucoup d’animaux effrayants possèdent trop de membres ou pas assez. Un bon dosage de ceux-ci semble important pour attirer la sympathie. Pourtant inoffensives, la couleuvre et la tégénaire font fuir bien des canailles alors que ces mêmes petites frappes chatouillent sans répulsion le ventre du rottweiler qui leur tend la patte. Le jeune enfant, initié très tôt par des parents inconscients à l'iconographie léonine et à la statuaire pelucheuse des ours, armé d'une foi digne d'un martyr chrétien des premiers siècles, sera disposé à se jeter pleinement croyant et tout cru sous les griffes des grands prédateurs incarcérés dans les ménageries et les zoos, tandis qu'il persécutera, mutilera et brûlera vifs tous les insectes vaguement kafkaïens à portée de mimine qui menaient leurs vies placides d'hexapodes en allant leur petit bonhomme de chemin. Cela est clair comme deux et deux font quatre, il faut ce qu'il faut, rien de plus, rien de moins. Cette dure loi arithmétique présente pourtant des contre-exemples qui restent, somme toute, mystérieux : la souris suscite la terreur chez nombre de femmes ; la coccinelle provoque toujours un attendrissement béat ; l'huître et la langouste sont les bienvenues dans les banquets ; le mille-pattes laisse indifférent.